Voilà ; la nouvelle m’est arrivée il y a deux heures, sur l’écran du téléphone que je regardais distraitement au cas où… le bail n’est pas renouvelé. Depuis juillet où la question fut posée, 4 mois d’incertitude se sont écoulés déstabilisant toujours un peu plus chaque locataire d’une parcelle. De mon côté, j’essayais de me faire à l’idée tout en y croyant de moins en moins au fur et à mesure que le froid approchait, rendant plus improbable le déplacement des plants. « Elle n’oserait pas » me susurrait une voix raisonnable.
Du fait, après avoir contemplé avec tristesse tout ce que j’allais peut-être quitter (potager, fruits et fleurs), j’avais bizarrement repris espoir, revenant à mon compost pour pailler fruits et fleurs, mettre au chaud et nourrir toute cette vie souterraine qui me le rendait si bien au moment des récoltes.
Depuis 5 ans… J’étais là quand les jardins sont nés, m’impliquant activement à la construction de l’association, prenant en charge la communication (blog, articles dans le Grillon), rédigeant le règlement intérieur, planifiant les premières étapes (plan des parcelles, réseau d’irrigation, clôture, …) avec les autres membres du Bureau. J’étais là quand, par un matin frisquet, sécateurs et débroussailleuses ont attaqué les ronciers envahissant les lieux. Là aussi quand une douzaine des futurs jardiniers se sont mis ensemble pour bâtir la clôture, un autre samedi, clouant en rythme le grillage sur les poteaux de bois jusqu’à en faire le tour. Quand il a fallu creuser pour enterrer les tuyaux, tracer pour répartir les terres, comme d’autres fidèles à ce bel entrain, j’étais là aussi.
Après 2 années de pénurie (« la valse des bidons »), l’eau a fini par couler dans les jardins, à force de persévérance et de mobilisation pour installer et entretenir le réseau. Le nettoyage des espaces communs, objet d’interventions collectives, reste cependant insuffisant car trop irrégulier et, pour l’essentiel, laissé à l’appréciation et l’initiative de chacun. Cette apparente négligence doit-elle faire oublier pour autant les efforts de celles et ceux qui, parmi une majorité silencieuse ou indifférente, consacrent, encore aujourd’hui, temps et énergie à faire bouger choses et gens ?
Aujourd’hui 10 novembre, après m’être étonnée du silence suivant ma demande de rencontre faite à la propriétaire en septembre dernier, je m’indigne d’une seule réponse faite à la Mairie au mépris des jardiniers qui l’attendaient depuis 4 mois… les obligeant sous 2 mois à « évacuer » les lieux avant le 31 janvier prochain, comme s’il s’agissait de déplacer des meubles et non de la vie qui pousse. Sans compter la récupération de l’arrosage enterré et des ouvrages collectifs (cabanon, citerne), propriété de l’association. La saison n’est pas propice et le temps laissé trop court. Que penser d’une telle exigence quand elle ignore toute considération pour ceux-là même qui restitueront gratuitement un terrain clôturé par leurs soins et disposant désormais d’un accès électrique, inexistants à la signature du bail ?
On se sent floué pour le moins...